Comment faire son CV de DSI ?

Votre poste actuel de DSI ne vous satisfait plus suffisamment et vous aimeriez vous tourner vers de nouveaux horizons ? Responsable informatique ou manager au sein d’une DSI, vous avez gagné en expérience et souhaitez désormais endosser un poste de DSI avec une nouvelle envergure ? Le CV reste un incontournable de la recherche d’emploi, que vous soyez proactif ou chassé par un cabinet. Nos conseils pour réaliser un CV performant.
Faire ou refaire ? N’hésitez pas à challenger votre copie plutôt que d’opter pour une simple mise à jour
Sauf si vous avez changé récemment de poste, il est utile de revisiter intégralement son CV, sur la forme comme sur le fond. En quelques années, les attendus du poste de DSI ont évolué et la structure ancienne de votre CV ne favorisera pas forcément la mise en en avant de ses éléments clés. De même, quelques années d’expérience supplémentaires peuvent suffire à teinter différemment votre parcours professionnel et donner une nouvelle lecture à votre profil.
Sur la forme, les recruteurs se sont également habitués à des formes de CV plus abouties visuellement que ce que permettait auparavant un simple document Word très « récapitulatif ».
Si l’attractivité de votre CV ne se mesure pas en priorité à son esthétique – a fortiori sur un poste stratégique comme le vôtre – une attention portée à la mise en page peut toutefois permettre de vous démarquer et surtout de mettre en avant les points clés de votre candidature.
Un CV soigné, bien structuré, aéré, aura d’autant plus d’impact et sera la preuve tangible que vous êtes attentif à la communication – qui fait de plus en plus souvent partie des attendus du poste de DSI. Choisissez pour ce faire une typographie lisible, utilisez des puces et des listes pour faciliter la lecture synthétique, marquez lisiblement vos différentes sections, osez la couleur, les pictos.
Restez alignés avec votre style, mais sans faire de la forme un non-sujet. Vous pouvez pour cela trouver en ligne de nombreux templates « dans l’air du temps » pour ne pas partir d’une feuille blanche.
Quel contenu pour votre CV de DSI ? Ou comment n’oublier aucun ingrédient pour ce métier complet et stratégique.
La culture « française » du recrutement est généralement assez conformiste. On a tendance à privilégier des candidats aux expériences passées très proches du poste que l’on cherche à pourvoir, plutôt que de miser sur un potentiel et sur des profils atypiques. Il faut faire avec cette règle du jeu. Cela implique pour votre CV qu’il doit permettre au recruteur de valider très rapidement la pertinence de votre candidature, en « cochant des cases ».
C’est d’autant plus vrai que la fonction de DSI a beaucoup évolué ces dernières années et pris de l’ampleur – favorisé par la transformation numérique et la digitalisation accélérée de tous les secteurs d’activité : périmètre d’intervention plus large, positionnement stratégique plus haut. Il y a 20 ans, on était Directeur informatique ; désormais, on est Directeur des Systèmes d’Information, voire plus. Le DSI ou CIO est un homme ou une femme clé dans l’organisation. Son CV doit être le reflet des piliers attendus pour ce poste stratégique.
Pour que votre CV de Directeur des Systèmes d’Information se démarque, vous devez montrer à la fois que vous êtes :
- « visionnaire » : Montrez votre capacité à accompagner les orientations stratégiques de l’organisation que vous êtes susceptibles de rejoindre : plan de transformation, fusion, croissance externe, internationalisation, etc. Soyez clair et ambitieux sur le rôle que vous entendez y jouer et sur le positionnement que doit avoir pour vous la DSI (comme créatrice de valeur ; accélératrice de transformation, animatrice de l’innovation, etc).
- « transformateur » : sachez valoriser vos expériences de pilotage et mise en œuvre de la transformation : préparation d’un schéma directeur, restructuration du Systèmes d’Information, gestion du changement. Si vous arrivez à un poste aussi exposé, il y a peu de chance que l’on attende de vous de vous fondre dans les marques de votre prédécesseur. Il vous faut donc rassurer sur cette capacité à embrasser de nouveaux enjeux, à maitriser un nouveau contexte et engager les transformations qui s’imposent.
- « directeur » : sachez valoriser votre positionnement au sein de l’organigramme : membre du comité de direction ou comité exécutif, rôle de business partner auprès des autres directions Métiers, management d’équipes directes ou transverses. Cela permettra de valoriser votre leadership et vos compétences relationnelles.
- « pilote » : montrez vos compétences de gestionnaire et que vous êtes en parfaite maitrise de toutes les dimensions du management de votre activité :
- le budget: vos interlocuteurs seront sensibles à votre prise en main du sujet, tant par l’ampleur du budget dont vous avez la responsabilité que par votre capacité à le contenir ou en tout cas être un allié fiable et pertinent pour le DAF (maitrise des stratégies d’immobilisation, etc.) ;
- le suivi d’un portefeuille de projets et activités; vous pouvez donner quelques illustrations ou faits marquants ;
- le management d’équipes: évoquez le nombre de collaborateurs internes et externes sous votre responsabilité, pourquoi pas la croissance de votre équipe depuis que vous la pilotez ;
- les fournisseurs: il est toujours intéressant de donner un aperçu de ce que vous avez adressé en interne ou sous-traité, les DSI étant plus ou moins intégrées selon les organisations
- « expert » : évidemment, vos compétences techniques ont leur place dans un CV de DSI, mais sur un poste aussi stratégique, on vous attendra surtout sur votre prise de hauteur et votre capacité à prendre des décisions accélérées, arbitrer, etc. D’ailleurs, si vous aspirez à un premier poste de DSI, c’est l’écueil à éviter : il va vous falloir convaincre que vous êtes taillé(e) pour le poste. Attachez vous à valoriser votre maitrise des enjeux stratégiques de l’entreprise, votre connaissance « 360° » du périmètre de la fonction, votre participation à des projets clés plutôt que votre parfaite maitrise technique sur un domaine en particulier.
10 recommandations clés pour un CV qui se démarque
1| Faites en sorte que votre CV raconte une histoire
La recommandation vaut pour tous les secteurs d’activité ; il est intéressant de guider le recruteur dans la compréhension de votre profil par une phrase d’accroche qui résume en quelques mots votre projet. Comment vous voulez vous positionner ? Quelle est la dominante de votre parcours, en termes de secteur d’activité, de réalisation, de conviction sur le rôle du DSI dans l’entreprise ? Cette entrée en matière, qui met l’accent sur tel et tel point saillant, peut parfois vous permettre de faire l’économie d’une lettre de motivation en bonne et due forme.
Autre bonne pratique à mettre en place si vous sortez d’une longue expérience (>7 ans) : N’hésitez pas à la segmenter en plusieurs phases pour montrer la progression de votre parcours, l’ampleur que vous avez prise, les projets clés que vous avez adressés. Cela montrera que votre longévité est un signal de fidélité et de satisfaction donnée à votre employeur, et non un signe d’immobilisme, au contraire.
2| Oubliez l’exhaustivité
On ne devient pas DSI à 25 ans, il est donc hautement probable que votre carrière professionnelle soit longue et riche de nombreuses expériences. Même si la sélection peut être frustrante, contentez vous des plus significatives et surtout des plus récentes (10 ans d’antériorité maximum) pour illustrer vos réalisations et réussites.
De même, si vous avez 40, 50 ans ou plus, votre valeur tient dans vos expériences et pas dans vos études, aussi brillantes soient-elles. Vous pouvez éventuellement mentionner votre dernier diplôme obtenu mais vous pouvez sans hésitation faire l’impasse sur votre baccalauréat, même si vous l’avez eu haut la main !
Un bon indicateur pour faire le tri ? Visez la présentation de votre CV sur une page unique.
3| Soyez accessibles et factuels
Pas de « vent » ! Donnez des preuves, des résultats, soyez concrets; mettez vous à la place de vos interlocuteurs dans le processus de recrutement : qu’il s’agisse d’un chasseur de tête, d’un DRH, du Directeur général, ce ne sont pas des experts de votre métier. Pour sortir du lot, il faut donc installer un dialogue clair et de confiance. Celui-ci sera d’autant plus atteignable que vous illustrerez votre expérience de résultats mesurables, et que vous serez en capacité de rendre accessibles les enjeux que vous avez adressés au cours de votre expérience. Oubliez le jargon, ne vous réfugiez surtout pas derrière la technique.
4| Pensez au « buzz word »
En recrutement comme partout, il y a des tendances ; certains sujets ont le vent en poupe, et l’affichage de certains mots clés (à condition qu’ils se fondent évidemment sur une réalité opérationnelle) peuvent être déclencheurs d’un entretien. Pour les DSI et CIO, la liste est vaste, à l’image de l’ampleur du poste : clouds, finops, cyberprotection et sécurité des systèmes d’information, data management, green IT, transformation, schéma directeur… À votre niveau, on attendra votre capacité à adresser ces enjeux plus qu’une parfaite maitrise technique.
5| Montrez l’actualisation de vos compétences.
La fonction de DSI implique d’être à la page en permanence, voire même en avance. Si votre formation initiale commence à dater, montrez votre capacité à entretenir votre socle de compétences, votre maitrise des technologies émergentes, et votre engagement envers le développement professionnel : certifications récentes obtenues, formation continue, actualisation du niveau en langues, etc. ; cela renforcera votre crédibilité en tant que candidat. À l’inverse, faites l’impasse sur les technologies obsolètes, quand bien même vous les maitrisez sur le bout des doigts.
6| Positionnez vous en leader et meneur d’hommes (et de femmes) !
Le facteur humain est clé dans toutes les équipes mais dans les DSI, la pénurie de talents accentue l’enjeu de rétention des collaborateurs et d’attractivité pour de nouvelles recrues. Si vous prétendez à un poste vacant de DSI, c’est tout autant un risque qu’une opportunité pour la direction concernée et pour la stabilité de ses équipes, puisque le changement de manager est un facteur identifié de motivation ou au contraire de désengagement.
Dans votre CV, faites en sorte de souligner votre capacité à gérer les collaborateurs, votre leadership, vos facultés de collaboration, de délégation, de détection et d’évolution des compétences, etc. De même que votre orientation « Métier » et votre capacité à agir en partenaire du business. Tous les « soft skills » que pourrez mettre en avant viendront conforter la pertinence de votre CV et rassurer le recruteur.
7| Cultivez le mystère.
Votre CV, c’est une vision partielle et partiale de vous-même. Et surtout une vision de ce que vous pouvez apporter à l’entreprise. Nombre d’informations que l’on avait auparavant tendance à indiquer systématiquement dans les CV deviennent facultatives, voire même rédhibitoires pour ne pas porter le flanc aux discriminations. Il en va ainsi de la photo (laissez l’inconscient faire son office !), de votre situation familiale, et même de votre âge (que vous pouvez gommer en omettant les années d’obtention de vos diplômes). La valeur n’atteint pas le nombre des années (dans un sens comme dans l’autre !) et votre CV peut contribuer à le démontrer.
Si le recruteur est « ferré », accroché par ce mystère, incitez-le à aller voir plus loin ; renvoyez par exemple vers votre profil LinkedIn qui lui apportera des informations complémentaires.
8| Soignez votre personal branding :
Le CV reste un document quasi-systématique du recrutement sur ce type de poste, mais il ne faut pas pour autant négliger la visibilité de votre profil et de votre parcours en ligne. Cela aura un impact sur les recruteurs mais aussi sur votre réseau, en confirmation d’une intuition ou en détection/sourcing. Puisque l’emploi est un marché, il faut travailler son propre marketing ! Veillez notamment à :
- mettre à jour avec soin votre profil LinkedIn (en parfaite cohérence avec votre CV évidemment ; l’alignement doit être parfait pour ne laisser aucun doute sur la véracité de votre CV). Et pour le coup, vous pouvez être plus complet sur vos expériences et diplômes ;
- l’actualiser régulièrement et partager dès que possible des nouvelles et actualités (en lien avec votre activité, votre secteur, votre entreprise, des tendances métiers, etc.) ;
- si vous êtes en recherche active, envisager de suivre qui consulte votre profil ; cela pourra vous donner un indice de l’intérêt porté à votre candidature et faciliter l’entrée en relation avec le recruteur ;
- plus largement, participer à des événements dédiés aux DSI, adhérer à des réseaux, contribuer à des articles ou interviews de presse, répondre positivement aux propositions de vos partenaires pour des témoignages « retours d’expérience ».
Toutes ces actions laisseront autant de traces positives de votre ouverture, votre influence et votre rayonnement dans l’écosystème et contribueront à donner de la visibilité et du crédit à votre candidature.
9| Préparez l’étape d’après, l’entretien !
Qu’il s’agisse d’un premier entretien téléphonique de qualification ou d’un vrai échange nourri, votre CV va servir de base à une discussion à venir, en tout cas on vous le souhaite. En le rédigeant, ayez donc en tête l’étape suivante : retenez un projet plutôt qu’un autre parce qu’à partir de là, vous pourrez plus facilement expliquer les défis rencontrés, les solutions mises en place et les résultats obtenus. Affutez vos arguments, ayez en tête des chiffres, anecdotes… Bref, ne laissez pas de zones d’ombre qui pourraient desservir votre candidature.
10| Rédigez autant de CV que vous postulez à des postes de DSI !
Votre CV est le medium entre vous et le poste visé ; pour donner le maximum de chances à votre profil, adaptez votre CV à chaque candidature. À la marge évidemment, l’ossature doit rester la même. Mais vous pouvez renforcer l’adéquation entre votre parcours et le projet qui vous intéresse en mettant en avant un projet plutôt qu’un autre, mettant à jour un intitulé de fonction (parle-t-on de DSI ou de CIO ?), ou encore en accentuant la visibilité d’une compétence technique particulière. Vous postulez dans un secteur industriel ? Votre capacité à adresser les problématiques IT de la supply chain sera appréciée. Vous vous orientez dans le secteur financier ? La maîtrise des data et des process réglementaires sera pertinente à mettre en avant, etc.
En fil rouge, gardez en tête que votre CV doit autant permettre de comprendre qui vous êtes que suggérer à quel point vous correspondez aux attendus du poste à pourvoir. Pensez donc votre parcours en miroir de l’organisation : quels sont ses enjeux pour devoir recruter un DSI en externe ?
Vous voilà armé(e) pour réaliser votre CV. Un tout dernier conseil : n’hésitez pas à faire relire votre CV à un ou deux tiers de confiance et à leur demander comment ils le perçoivent, si tout est clair, voire à le tester auprès d’un cabinet de recrutement dont le regard aiguisé est toujours pertinent et source de bons conseils. Votre présentation en sera d’autant plus efficace. Bonne recherche d’emploi !